"La dépense pure"
Le rêve bataillien de « dépense pure » prend à contrepied le productivisme qui ne conçoit la dépense que comme un investissement.
Le concept de Georges Bataille s’applique à l’artiste honnête. Même si souvent, l’artiste mesure sa forme à la production qui sort de son atelier, il ne compte ni efforts ni dépenses pour mettre au jour une œuvre. Les brouillons, les déchets, les œuvres rayées, déchirées, recouvertes, brûlées, participent à la production mais s’opposent au productivisme (au taylorisme).
Even Le Moing, auteur des brouillons constitutifs de l’œuvre, recopie sur plusieurs pages la conclusion de l’essai d’Albert Camus : « il faut imaginer Sisyphe heureux ». Sans doute que tous les artistes dont il est question ici ont compris que l’effort inutile a des pouvoirs magiques...
Ici, Foltête s’est approprié la dépense pure du compositeur Even Le Moing pour créer son œuvre. Cette appropriation est un hommage aux armées d’artistes qui s’échinent, qui triment et peinent tels des damnés, à produire sans productivisme des œuvres qui sauveront le monde.


