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Gérald Foltête vu par Jacques Dor

 

- Novembre 2017

En une poétique du noir et blanc infiniment passionnée, le travail de plasticien de Gérald Foltête est guidé par un sens graphique particulièrement pertinent et inventif. Il décline son art avec cohérence, même s'il n'hésite pas à le remettre en jeu au travers de différentes écritures, la photographie, la sculpture, l’installation... Et cependant tout se tient  dans cette orchestration, à l'intérieur de laquelle Gérald Foltête fait entendre une singularité affirmée et plurielle, rigoureuse et débridée, sobre et rêveuse  à la fois... Il y a chez lui, un goût, un besoin, une apparente obsession, une fascination, pour la répétition, pour la déclinaison ; établir des ponts à l'infini, tisser des suites de liens invisibles...

 

Gérald Foltête écrit des textes sur ses toiles, textes empruntés à d'immenses auteurs, c'est comme une nécessité de les donner à voir au-delà du sens,  de les donner à lire autrement, comme pour exprimer ce besoin de rentrer physiquement dans l'écriture, à l'intérieur des phrases. Gérald Foltête fait de la besogneuse punition scolaire du recopiage, une sorte de transe amoureuse, transe graphique, fleuve qui lui permet de rentrer dans le rythme du texte, le cœur battant des mots et d'en étendre la dimension physique. Une lecture à l'épreuve de la main, une démarche qui défie le temps... Obstination contre obstination, comme s'il était possible de dresser des murs de signes contre cette gangrène qui dévore tout sur son passage. La répétition des gestes contre la barbarie ordinaire du temps ?

Gérald Foltête sait aussi mettre en scène des installations où le corps, silhouette intemporelle,  traverse les paysages, les matières, les signes, les usages. Rituel où la divinité humaine, souvent féminine, s'accorde aux abstractions graphiques, s'y inscrit, y devient centre comme jamais. Comme si l'humaine présence s'imposait à l'univers mental de l'artiste, aussi libre de s'abstraire que de figurer... de variations en variations.

L'imaginaire mis en boîtes,  cubes rigoureux où s'inscrivent des «scénographies» de mondes parallèles, blocs d'imaginaire arrachés au néant, aux rêves ?  Opéras, créations théâtrales en projet ? Comme si la scénographie précédait les mots, en puits d'inspiration sans fond. Des cubes qui se renouvellent graphiquement avec une invention d'une réjouissante beauté ; série, elle semble sans limite. On imagine voir des corps  se mêler à ces propositions, on imagine voir se développer de telles compositions dans de plus vastes cubes,  plus vastes espaces encore... 

Oui, on devrait exposer (de toute urgence) Gérald Foltête au Grand Palais, il y aurait sa place ; certaines de ses œuvres pourraient y être libérées dans l'espace, à grande échelle, et nous pourrions les parcourir, les traverser, se laisser traverser par elles...

Une telle exposition nous montrerait d'évidence la dimension réelle du travail de Gérald Foltête : rare et talentueux scénographe de l'imaginaire. 


Gérald Foltête seen by Jacques Dor

- November 2017

In a black and white passionate poetic way, the work of Gerald Foltete has an inventive and pertinent graphic sense. He declines his art with coherence, mixing different medias like writings, photography, sculptures and installations… However, it’s orchestrated to hold everything in an affirmative singular and particular way, where soberness and dreams, rigorous and unbridled are mixed together… His apparent need as well as his fascinating obsession for the declination of repetition is a way to establish bridges towards infinity and to weave a series of invisible ties…

Gerald Foltete writes texts on canvas, texts he borrows from big authors, which allows us to see them beyond what the text represents, a way to read them differently, as if he expresses the desire to enter physically the phrases. Gerald Foltete has turned the recopying school punishment into a tender graphical expression, a river flowing in rhythm through a heart throbbing text that extends to a physical dimension. Persistence over perseverance, as if it was possible to build a wall of signs against a gangrene that devours everything on its path.

A repetitive movement against the ordinary boring lapse of time?

Gerald Foltete also knows how to set installations where the body or silhouette pass through scenery, materials, signs, rituals where the divine feminine human being blends in the graphic abstractions and becomes it’s centre for ever. 

The realm set in boxes are cubes where the scenography of parallel worlds is engraved in a dream of imaginary blocs, operas, theatrical creations in process? As if the scenography came before words in a pond of inspiration without end. Cubes that reinvent themselves graphically with a joyful beauty that has no limit. We can imagine these cubes in a much bigger dimension and theatrical environment with human bodies and wider scales…

Yes, we should exhibit (urgently) Gerald Foltete at the Grand Palais, his place is there, some of his works will breathe in space on a big scale and we will be able to go through them walk through them and allow them to go into our soles…

Such an exhibition will show us the real dimension of Gerald Foltete’s work: rare and talented imaginative scenographer.

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